Crime Suspenstories #1

En tant que fan de films d’horreur, j’ai toujours été attiré par les vieux comics de EC des années 50. J’aime particulièrement les “Crime Suspenstories” qui mélangent deux de mes genres préférés au cinéma : les films d’horreur et les films noirs. On pourrait dire que, alors que le cinéma devait composer avec le code Hays, les comic books, eux, n’avaient pratiquement pas de régulations et pouvaient se permettre bien plus de libertés. Comme j’ai une mémoire qui oublie rapidement, j’ai pensé enregistrer mes impressions de ces comics au fur et à mesure que je les parcours. J’étais déjà arrivé au numéro 10 ou 11 il y a quelques années, mais je vais les reprendre depuis le début.

La chose qui m’a frappé en relisant la première histoire de “Crime Suspenstories #1″… C’est que la “twist” à la fin est exactement la même que dans le premier épisode d’Alfred Hitchcock Presents intitulé “Revenge” et qui date de 1955, versus 1950 pour le comics. C’est vraiment très, très similaire, presque trop pour être un hasard. En faisant une recherche rapide, j’ai appris qu’en fait, cet épisode d’Alfred Hitchcock est une adaptation d’une histoire de Samuel Blas qui date de 1947. Il est donc bien possible que l’inspiration du comics vienne de là aussi. C’est une excellente introduction et l’une de mes histoires préférées, la seule dont je me souvenais encore quelques années plus tard après ma lecture.

Une jeune femme nommée Ruth décide d’épouser John, le frère jumeau identique de son véritable amoureux Ronald, et se retrouve dans une vie ennuyante où elle a l’impression de n’être qu’une possession de plus pour son riche mari. La seule différence marquante entre John et Ronald, c’est que ce dernier a un grain de beauté sur la joue. Un jour, Ronald revient à la maison et Ruth lui avoue avoir fait une grave erreur en épousant son frère, que c’est lui qu’elle aime vraiment. Ensemble, ils complotent de tuer John pour se marier et hériter de sa fortune.

Même si on semble voir venir la finale, ce qui rend cette histoire intéressante, c’est qu’elle n’arrive à aucune conclusion ultime pour le lecteur. Est-ce que John est bel et bien mort, ou est-ce qu’il a entendu les deux comploter contre lui et a retourné le plan macabre contre son frère? L’histoire sème juste assez de doute pour que ce soit presque impossible d’en être totalement sûr.

Par contre, deux jumeaux identiques possèdent quand même des traits et des marques différentes sur le corps, permettant à une personne proche comme Ruth de les différencier facilement. Donc, je doute qu’elle ait pu confondre John avec Ronald aussi longtemps. De plus, quand Ronald fait son arrivée après une longue absence, Ruth mentionne le reconnaître tout de suite par ses yeux brillants et son sourire chaleureux, et non par son grain de beauté. Mon interprétation, c’est que Ronald a bel et bien tué John comme prévu, et maintenant, il tente de tuer Ruth pour avoir son héritage, faisant d’une pierre deux coups. Ruth semble revoir John à travers Ronald, probablement car étant des jumeaux identiques, et Ronald occupant maintenant la même vie que John, il développe, sans le contrôler vraiment, les mêmes traits de personnalité que son frère que Ruth n’aimait pas.

Un autre point qui me fait croire ceci, c’est qu’une fois que Ronald a pris la place de John, il décide de faire retirer son grain de beauté en disant “J’étais si fier de ce grain de beauté, c’était la seule chose que j’avais que John n’avait pas. Il avait un bon travail, le succès, la richesse, et il avait même toi (Ruth). Mais maintenant que j’ai toutes ces choses aussi, je n’ai plus besoin du grain de beauté“. Est-ce qu’on pourrait aussi appliquer cette logique au fait qu’il a toujours eu l’amour véritable de Ruth, mais maintenant, il n’en a plus besoin, donc il peut la “retirer” aussi?

C’est un peu l’attrait de ne pas avoir une conclusion spécifique, quand on s’arrête quelques instants pour analyser l’histoire, on peut en tirer des conclusions intéressantes. Dans un sens, même si la finale n’était pas hyper-intéressante sur le coup, c’est l’histoire qui m’a fait le plus réfléchir avec les quelques traces subtiles laissées derrière qui permettent de formuler des hypothèses.

Celle-ci, c’est l’histoire mise en avant sur la page couverture, même si les personnages sont représentés de façon bien différente. Jean Darrow apprend qu’elle n’a que quelques mois à vivre, elle ne peut plus vivre avec la peine et l’idée que ses jours soient comptés, elle songe même au suicide, mais n’y arrive pas. Elle décide d’engager un tueur à gages afin qu’il mette fin à ses jours rapidement, sans douleur, et de façon inattendue. Ce qui est dommage avec cette histoire, c’est qu’elle est excellente, la tension est bonne, on sympathise rapidement avec Jean, mais la conclusion au bout de six pages, arrive beaucoup trop vite. Cette histoire me laisse sur mon appétit, car elle avait tout le potentiel d’être la meilleure de ce comics, mais le dénouement est beaucoup trop soudain.

Un dangereux meurtrier s’est évadé d’une prison au milieu d’un océan, et sur le petit cargot qui était la seule sortie possible, tout le monde se demande qui est le tueur parmi eux. Une autre histoire dont la fin arrive un peu abruptement, et le tout aurait été plus intéressant si les dessins n’étaient pas si sombres au point où il est souvent difficile de distinguer chaque personnage. Ça demeure une petite histoire qui se lit bien et qui passe rapidement, mais c’est celle que j’ai aimé le moins dans ce numéro.

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